Houellebecq, un diogène moderne?
Ce qui m’intéresse c’est de mettre à jour les points d’accords et de désaccords entre Houellebecq et les anciens kuniques; voir en quoi ils se rejoignent, et en quoi sur certains points, fondamentaux d’ailleurs, ils sont en désaccord complet. Car Houellebecq, cynique dans son écriture et dans son esprit, auteur et penseur de notre époque, permet une mise en perspective historique de la pensée kunique, et montre en quoi cette pensée est d’une urgence vitale à l’heure actuelle.
Les thèmes houellebecquien sont “kuniques” par essence: sexualité, mort, amour, couple, positionnement de rejet par rapport à la société. Il se concentre sur les grandes questions humaines, celles qui n’ont toujours pas trouvé de réponse. Il réinvestit leur champ et les remet au goût du jour. Il met à nu les conventions, le conformisme de notre société. Et pour se faire, il emploi les mêmes techniques que les anciens grecs; scandale, provocations, étalage de sa vie, de ses déboires, de ses débauches dans le domaine public. En effet, son livre est une sorte d’autobiographie camouflée derrière la forme romanesque. Cette petite ruse lui permet “de poser tous les actes naturels en public”: masturbation, échangisme, recours aux prostituées, états d’âmes, misère de sa vie... Exactement comme le faisaient les cyniques grecs. Houellebecq propose donc sa vie ( l’expérience qu’il en fait ) comme exemple de matière universelle de réflexion, d’introspection, de remise en question.
La “morale” des cyniques grecs plaçait la liberté de l’individu et sa totale indépendance comme principe premier, fondamental à son épanouissement. C’est pour commencer en cela que Houellebecq se trouve en désaccord avec eux. Il faut savoir que les cyniques grecs plaçaient l’animal au dessus de l’homme dans la hiérarchie “cosmique”, parce que l’animal avait cette indépendance et cette liberté naturelles qui font défaut à l’homme. Les animaux étaient donc considérés comme un