Hugo , extrait des châtiments
(extrait des Châtiments, III, 4, 1853)
Commentaire composé INTRODUCTION Pour saisir le sens de ce poème de Victor Hugo, il convient de le replacer dans son cadre historique. En 1851, le Président de la République Française est le Prince Louis-Napoléon Bonaparte (neveu de Napoléon Ier). Ambitieux, et poussé par les possédants qui s'effraient d'une agitation populaire grandissante, Louis-Napoléon refuse de se plier à la constitution de la IIème République qui interdit deux mandats successifs. Afin de rester au pouvoir, il fomente un coup d'état, le 2 décembre 1851, et fait réprimer durement par l'armée les partisans de la république. Le 20 décembre de cette même année, assuré d'obtenir une majorité en sa faveur, il organise un plébiscite destiné à légitimer le coup d'état. Prés de 7 millions d'électeurs émettent un vote favorable au Prince-Président, contre moins de 650.000 opposants. Un an plus tard, Louis-Napoléon se fera élire empereur sous le nom de Napoléon III . Cette politique suscite l'indignation de Victor Hugo, qui se rallie au camp républicain. Contraint à s'exiler dans les îles anglo-normandes, Hugo écrit "Les Châtiments" (1853), un recueil de 6000 vers où il exprime une réprobation violente et passionnée : "six mille vers de haine", a dit le poète Lamartine, contre celui que Victor Hugo appelle "Napoléon-le-petit". Notre texte est un extrait de ce recueil.
C'est un discours en vers (des alexandrins), violemment polémique et politiquement engagé, où Victor Hugo s'en prend directement aux français qui ont voté les pleins pouvoirs au futur empereur lors du plébiscite du 20 décembre 1851. Nous analyserons d'abord la thèse politique défendue par Hugo dans ce poème et l'organisation de son discours. Puis, dans une seconde partie, nous étudierons le rôle important tenu par les marques personnelles d'énonciation dans cette argumentation. Enfin, dans un troisième axe, nous mettrons en évidence les caractéristiques