Hugo Miserables 1
Les Misérables
BeQ
Victor Hugo
Les Misérables
Première partie
Fantine
La Bibliothèque électronique du Québec
Collection À tous les vents
Volume 648 : version 1.0
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Du même auteur, à la Bibliothèque :
Les travailleurs de la mer
Les derniers jours d’un condamné suivi de Claude Gueux
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Les Misérables
Édition de référence :
Gallimard, Collection Folio Classique.
Les notes de bas de page appelées par des chiffres sont tirées de l’édition de référence ; celles appelées par des lettres, de l’édition
Gallimard, collection de la Pléiade ; celles appelées par un astérisque sont de Victor Hugo.
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Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.
Hauteville-House, 1er janvier 1862.
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Première partie
Fantine
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Livre premier
Un juste
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I
M. Myriel.
En
1815,
M. Charles-François-Bienvenu
Myriel était évêque de Digne. C’était un vieillard d’environ soixante-quinze ans ; il occupait le siège de Digne depuis 1806.
Quoique ce détail ne touche en aucune manière au fond même de ce que nous avons à raconter, il n’est peut-être pas inutile, ne fût-ce que pour être exact en tout, d’indiquer ici les bruits et les propos qui avaient couru sur son compte au moment où il était arrivé dans le diocèse. Vrai ou faux, ce qu’on dit des hommes tient souvent autant de place dans leur vie et surtout dans leur destinée que ce qu’ils font.
M. Myriel était fils d’un conseiller au