Hugo
Hugo / Balzac
V.H. est un homme excessivement spirituel. Il a autant d’esprit que de poésie.
Balzac, lettre à Mme Hanska du 3 juillet 1840
Mélange d’estime réciproque et de rivalité – notamment du côté de Balzac –, les relations entre ces deux monuments de la littérature française, sans être particulièrement étroites, dureront néanmoins jusqu’à la mort de l’« audacieux architecte » de La Comédie humaine, comme se plaît à le surnommer Hugo. Nombreux furent leurs projets de collaboration, à la Chronique de Paris en 1835 et en 1840, mais aussi au sein de la Société des gens de lettres, pour la rédaction d’un dictionnaire de la langue française, suite à la proposition de Gozlan. En 1838, Balzac, confiant dans la fortune littéraire d’Hugo, n’hésite pas à fonder une société en participation pour ses œuvres, et il lui dédie en 1842 ses Illusions perdues. Les romantiques comptent Balzac dans leurs rangs, même si celui-ci éreinte copieusement Hernani dans ses Feuilletons des journaux politiques1, stigmatisant son invraisemblance, son outrance et, surtout, son absence de réalisme : « Tous les ressorts de cette pièce sont usés ; le sujet, inadmissible ; les caractères, faux ; la conduite des personnages, contraire au bon sens. […] Monsieur Victor Hugo ne rencontrera jamais un trait de naturel que par hasard. » Mais cela ne l’empêche pas, en 1843, de résister à l’engouement général provoqué par la Lucrèce de Ponsard, qui marque le retour en force de la tragédie néo-classique, et d’apporter tout son soutien aux Burgraves de Hugo2. Ce fut un échange de bons procédés, car Hugo, trois ans auparavant, avait soutenu Balzac dans ses démarches consécutives à l’interdiction de sa pièce Vautrin : « En tout, la conduite de Hugo a été celle d’un véritable ami, courageux et dévoué. » 3 Hugo restera d’ailleurs le seul vrai soutien de Balzac dans ses ambitions à l’Académie. Si Balzac estime, lors de la publication des Rayons et les Ombres, que « monsieur Hugo est