Maintenant, qu'a apporté cette paix à la République d'Athènes, et qu'a-t-elle apporté aux ambassadeurs d'Athènes ? Établissons ce parallèle, et voyons s'il y a égalité. Athènes a perdu tous ses domaines, tous ses alliés ; elle a promis à Philippe d'arrêter toute expédition tentée dans le but de les récupérer, promis de considérer quiconque entreprendrait cette récupération comme un ennemi odieux, et promis le considérer, lui le spoliateur, comme un allié, un ami. Telle fut, en effet, la motion appuyée par Eschine, et présentée par Philocrate, son complice. Voilà ce que la paix a rapporté à la République : imaginez, s'il est possible, une plus grande infamie ! Venons-en aux ambassadeurs, auteurs de ces manœuvres. Je passe sous silence tout ce que vous avez vu de vos yeux, blés, bois, maisons ; ils ont acquis, dans le pays de nos alliés proscrits, de vastes possessions, des terres considérables qui rapportent à Philocrate un talent, et trente mines à Eschine. Or, n'est-il pas affreux, n'est-il pas déplorable, ô Athéniens, que vos ambassadeurs se soient enrichis du désastre de vos alliés ? [...] Ce séjour, ce temps passé à Pella, comment l'avons-nous employé l'un et l'autre? Moi, je cherchais nos prisonniers, je travaillais à leur rachat, j'y dépensais mon argent, je demandais au roi leur liberté, à la place des dons qu'il nous offrait. Fidèle à lui-même, que faisait Eschine ? Je le dirai tout à l'heure. Mais que sont ces cadeaux, que Philippe nous a offerts en commun ? Car c'est un point que vous devez aussi connaître. Philippe, par ses envoyés, sonda chacun de nous en particulier, fit sonner l'or à nos oreilles, offrit beaucoup d'or, ô Athéniens ! Il n' échoua qu' auprès d'un ambassadeur (ce n'est pas à moi à me nommer; les faits lèveront ce voile) : alors il crut que des dons en masse seraient reçus par tous sans méfiance, et que la moindre part que chacun accepterait dans les largesses communes servirait de sauvegarde aux marchés individuels. De là, ces cadeaux