Huis clos
Si pour les lettres françaises la grande figure du 18e siècle est Voltaire et celle du 19e siècle est Victor Hugo, Jean-Paul Sartre émerge probablement comme la personnalité littéraire et intellectuelle la plus marquante du 20e siècle. Romancier, dramaturge, philosophe, auteur d’essais et d’ouvrages critiques, militant politique, Jean-Paul Sartre est un point par rapport auquel on se situe. Modèle de l’écrivain engagé, après Hugo, Zola, Malraux, Sartre est aussi le philosophe du choix, celui que doit faire l’homme face à ses responsabilités, affirmant ainsi sa liberté.
Sartre philosophe
Jean-Paul Sartre est l’un des principaux initiateurs d’une pensée philosophique, l’existentialisme. Il en a développé les fondements dans L’Être et le Néant (1943). L’Être est la projection de la conscience de l’homme car l’Être se manifeste à travers le pour-soi de l’existence de l’homme, c'est-à-dire sa volonté. Le Néant, c’est l’en-soi de l’essence des choses. Les choses sont enfermées dans leur essence, dans leur "en-soi", alors que l’homme, par sa volonté, doit développer un "pour-soi" qui lui assure son devenir.
Sans volonté, l’homme tombe donc dans l’absurde de l’en-soi, le "sans raison", le non-sens. L’essence de l’homme, le caractère de l’homme, sa spécificité doivent donc être construits dans sa manière d’exister, dans la façon dont il conduit son existence. La relation de l’homme avec le monde extérieur, le pour-autrui, est donc déterminante.
L’Autre est un problème, car sa liberté se heurte toujours à la mienne et inversement. C’est pourquoi la communication entre les hommes est toujours un échec : "L’enfer, c’est les autres" (Huis clos). L’autre veut toujours me considérer comme une chose, me "néantiser", me réduire à l’état d’essence, de personnage. Deux attitudes sont alors possibles : accepter de jouer le jeu des valeurs bourgeoises, celles des "salauds" (c’est la mauvaise foi) ou refuser, et c’est dans cette seconde attitude que