Hymne à la beauté, baudelaire
Commentaire
À sa question intiale, «Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme, ô Beauté?» Baudelaire donna une réponse qui varia selon les époques. Il avait placé d’abord, dans ‘’Les fleurs du mal’’, un sonnet intitulé ‘’La Beauté’’, qui datait de 1844-1845 et où il la symbolisait par une statue impassible, la considérait comme une image des «clartés éternelles».
‘’Hymne à la Beauté’’, poème formé de sept quatrains d’alexandrins à rimes croisées, qu’il composa dans la dernière période de sa vie, qui fut publié le 15 octobre 1860, dans ‘’L’artiste’’, et qui n’apparut que dans la seconde édition des ‘’Fleurs du mal’’, présenta une conception plus moderne de la beauté, plus inquiétante aussi, en accord avec I'inspiration même du recueil.
Montrant la fascination qu’elle exerce sur lui, il la présente d’abord comme ambiguë et contradictoire, à la fois divine et satanique, ce caractère double entraînant une équivoque qui est poursuivie tout au long du poème, produisant le sentiment du gouffre, un vertige. De plus, l’identifiant à la Femme, par une fusion artistique très réussie, il craint de s’y perdre. Mais, finalement, il voit en elle le moyen d’accéder à l’Infini, d’échapper au spleen.
Dans la première strophe, Baudelaire, pour qui la beauté se présente d'emblée comme un mystère qu'il ne cesse d'interroger, s’adresse à elle pour chercher d'abord à cerner son origine. Que ce soit du «ciel profond» ou de «l’abîme», elle émergerait toujours d'une vastitude. On constate, au vers 2, qu’il la personnifie ; qu’à son «regard, infernal et divin» (ces deux mots étant rapprochés par le son «in») sont attribués deux qualités fondamentalement antithétiques, cette ambivalence et cette ambiguïté («confusément») étant confirmée au vers 3 par les conduites contraires qu’elle inspire («le bienfait et le crime»). Il apparaît quelque peu étonnant qu’ensuite il puisse, d’une façon quelque peu didactique, la «comparer au