Icebergs - Henri Michaux

1494 mots 6 pages
Explorateur de pays intérieurs « Voyage en Grande Garabagne », « Lointain intérieur », refusant les prix littéraires et fuyant les photographes, Henri Michaux reste un poète de la solitude, voire de la misanthropie. Son poème en prose, « Icebergs », donne toute la dimension de sa quête ambiguë de solitude et de pureté. Les immensités glacées fascinent d’abord le poète, comme ils ont pu séduire des romantiques tels que le peintre C. D. Friedrich, par leur caractère sublime, au sens kantien du terme. Mais le plaisir qu’offre ce spectacle grandiose est mêlé de la présence inquiétante et obsédante de la mort. Le poème se présente donc comme une méditation spirituelle, une sorte de prière sans transcendance.
1. Les icebergs: Un spectacle sublime
Le spectacle décrit par Henri Michaux s’apparente nettement aux sujets de prédilection des romantiques, plus proche d’une splendeur monumentale que de l’esthétique du beau équilibré prônée par les classiques. La féerie de ces paysages est indéniable : les « nuits enchanteresses de l’hyperboréal » suggèrent un univers presque merveilleux, rappelant les enchantements des Mille et Une Nuits. Les icebergs impressionnent par leur colossale stature qui les apparente à d’immenses monuments, comme en témoignent les métaphores cosmopolites utilisées par le poète : « cathédrales » européennes, statues d’« augustes Bouddhas » indous, « Phares scintillants » d’Alexandrie...
La démesure est, en effet, la caractéristique du sublime selon Kant : la représentation d’une « totalité illimitée » plutôt que d’une forme. Si la pensée classique s’impose, les règles rassurantes de la raison, l’esthétique romantique, que Michaux rejoint sur ce point, refuse ces « garde-fou[s] » (ligne 1). Le poète exalte ici l’im­mensité, dût-elle conduire à la folie, à l’hallucination. La première phrase modèle son rythme sur la libération qu’elle évoque : après trois membres courts, « Icebergs, sans garde-fou, sans ceinture », elle s’affranchit des bornes

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