L'Union européenne repose sur un Iarge éventail de valeurs, qui plongent leurs racines dans l'Antiquité et le christianisme et qui, au fil de deux mille ans, ont évolué pour former ce que nous considérons aujourd'hui comme les fondements de la democratie moderne, de l'Etat de droit et de la société civile. Cet éventail de valeurs posséde son propre fondement moral, son propre ancrage métaphysique quoi que l'homme moderne puisse en penser. On ne saurait donc prétendre que l'Union européenne n'a pas d'esprit propre, capable d'inspirer les principes concrets sur lesquels elle repose. II semble seulement que cet esprit soit difficile à percevoir. C'est un peu comme s'il était enseveli sou les montagnes de mesures fonctionelles, techniques, administratives, économiques, monétaires e autres qu'il inspire, si bien que, finalement, nombreux sont ceux qui pourraient avoir l'impression, compréhensible, que l'Union européenne se résum - pour dire les choses crûment - à d'interminables palabres sur les quantités de carottes pouvant être exportées d'un endroit donné, sur l'organe responsable de la fixation des quotas, sur celui chargé des contrôles et sur celui qui, en bout de chaîne, applique les sanctions en cas d'infraction aux réglements.
Je pense par conséquent que la tâche peut-étre la plus importante qui attend aujourd'hui l'Union europiéenne consiste à mener une réflexion nouvelle et lucide sur ce que pourrait étre l'identité européenne, à proposer une organisation différente et lucide de la responsabilité européenne, à s'intéresser de plus prés au sens méme de l'integration européenne, dans ses implications les plus larges pour le monde moderne, et à s'attacher à la reconstruction de son génie ou, si vous préférez, de son charisme. En dépit de son importance historique, la seule lecture du traité de Maastricht ne suffira pas à rallier des.foules de partisans enthousiastes de l'Union européenne. Elle ne suffira pas non plus à rallier des patriotes, des gens préts à