Identité nationale
25 octobre 2009. Nicolas Sarkozy l'avait promis pendant sa campagne, Eric Besson le fait: le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale annonce la tenue d’un «grand débat sur les valeurs de l’identité nationale». Soit une série de réunions dans les préfectures et sous-préfectures, animées par «le corps préfectoral et les parlementaires», auxquelles prendront part les «forces vives de la nation». Le tout devant s'achever à un mois des régionales, associations et opposition trouvent la ficelle un peu grosse et dénoncent aussitôt le «calcul électoraliste» de la manœuvre.
27 octobre: Alain Juppé s’interroge ouvertement sur l’opportunité de l’initiative d’Eric Besson: «à quoi bon relancer un débat?», écrit-il sur son blog. Un autre Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, appellera, le 3 décembre, à «plus de rigueur intellectuelle dans la menée du débat», estimant que «la question de l’identité ça ne peut pas être une réflexion de comptoir».
2 novembre. Le ministère lance le site débatidentiténationale.fr, avec tout ce qu'il faut pour cadrer les choses: tribune du ministre, bibliographie et «grille de réflexion», appel à contributions et calendrier des réunions en préfectures. Sauf que les préfets ayant été quelque peu pris de court par cette nouvelle mission qui leur tombe dessus, la section «calendrier des débats» fait pâle figure au démarrage.
29 novembre. Voilà qu’un voisin sème le trouble dans le débat. La Suisse vote, à 57%, contre la future construction de minarets dans le pays. La droite française, embarassée, marque ses distances.
30 novembre. Le maire (UMP) de Gussainville (Meuse) va inaugurer la longue série de dérapages. Tout juste sorti de l’un d’eux, à Melun, André Valentin s’exclame: «Il est temps qu’on réagisse, parce qu’on va se faire bouffer»... «Y’en a déjà dix millions», «dix millions que l’on paye à rien foutre!» Tollé. On crie à la «dérive xénophobe». Parmi les partisans du débat, certains défendent une initiative