La philosophie de Voltaire On a souvent reproché à Voltaire de n'être pas un véritable philosophe parce qu'il demeure fermé à la métaphysique. Mais ce rejet de la métaphysique est aussi une position philosophique. C'est d'abord une irritation et une protestation contre tous les gens qui préfèrent, devant les malheurs du monde, s'en remettre à la Providence plutôt que d'essayer d'y remédier par leurs propres moyens. C'est aussi une philosophie de l'action; le but de la vie humaine c'est l'action. Et ailleurs: Plutôt que se perdre en chimères, il vaut mieux bâtir, travailler, faire oeuvre utile, ou encore: J'ai fait un peu de bien, c'est mon meilleur ouvrage. L'action cependant n'est pas gratuite, comme dans certaines philosophies modernes; elle a un but: la recherche du bonheur sur cette terre. Mais quel peut être ce bonheur? La pensée de Voltaire a beaucoup évolué avec l'âge, l'expérience et les déceptions. Au début, il a manifesté un épicurisme joyeux et presque insolent devant une vie qu'il jugeait bonne. Il mettait sa confiance dans le Progrès et la civilisation qui devaient suffire à assurer le bonheur des hommes. Plus tard il revint de cet optimisme. Le mal existe sur la terre. Et « Candide » qui représente sans doute la « somme » de sa pensée aboutit à des conclusions à la fois pessimistes et courageuses. L'homme doit se contenter d'un bonheur relatif qu'il peut trouver dans une activité satisfaite. Le travail est le seul moyen de rendre la vie supportable. C'set pourquoi il faut cultiver notre jardin c'est-à-dire nous consacrer à une tâche propre à nos facultés, là où le sort nous a placés, afin de faire fructifier au maximum ce que la vie nous a