Situation d’appel

Distance professionnelle et gestion émotionnelle des soignants face à une jeune patiente en fin de vie.

Durant mon stage dans un service de Neurochirurgie j’ai été confrontée à différentes pathologies, différents signes de détresse neurologique mais également à différents types de patients notamment leur âge pouvant aller de la petite enfance à la personne âgée.
En milieu de stage, Laurie D âgée de 19 ans entre dans le service pour une exérèse d’une tumeur cervicale importante. Cette patiente est entrée avec une hémiparésie des membres droits qui s’améliore peu à peu. Apres l’intervention, les chirurgiens ont annoncé que la tumeur était maligne et qu’ils en avaient retiré seulement 40%. L’infirmière décide que je la prenne en charge. Laurie et moi nous entendions bien, un climat de confiance s’était installé entre nous deux. Elle me parlait de choses personnelles. Après quelques semaines, la patiente est partie dans un centre de rééducation et de mon côté, je suis partie en vacances.
A mon retour, j’ai vu son nom écrit sur le tableau d’affichage. Durant la relève, on nous transmet qu’elle a eu une détresse respiratoire et qu’elle est maintenant tétraplégique et en fin de vie. Il ne lui reste plus que quelques semaines à vivre avant que son cerveau n’engage à nouveau et entraine une nouvelle détresse respiratoire après laquelle aucune réanimation ne sera effectuée. On nous notifie que seule la mère est au courant de l’importance de son état actuel.
Lors du tour de 14 heures je dois réaliser une injection de Lovenox à Laurie et lui mettre en place une perfusion. J’entre donc dans sa chambre. On échange quelques mots puis plus rien. Je me sens envahie de honte et me rend compte que cette situation me touche beaucoup. Apres réflexion je comprends que c’est parce qu’elle est aussi jeune que moi, que j’aurais pu être à sa place. Je suis debout devant cette patiente tétraplégique, mal à l’aise. L’atmosphère est pesante, elle ne parle