Ii - phèdre se perçoit comme un monstre
Phèdre ne se supporte plus, elle est comme aliénée, étrangère à elle-même. Elle se perçoit comme un monstre (qui est différent des autres), elle est pour elle-même un objet de haine : voir vers 16, avec l'opposition entre les termes "abhorré" et "détester". Elle recherche même la haine des autres : "J'ai recherché ta haine" (vers 24). Au vers 39, elle se désigne clairement comme un monstre en hyperbolisant son image de monstre : elle dit à Hippolyte : "délivre l'univers" au lieu de délivre Athènes.
Phèdre c'est une abomination de l'inceste, qui fait parti des sujets "tabous". Elle exprime en elle-même cet interdit, et il faut comme en purger l'univers. Celà la met à un niveau mythique, de ceux qui ont eu un tête à tête avec le destin. L'adjectif "affreux" (vers 41) permet de se rendre encore plus monstrueuse. Le mot "monstre" encadre l'interdit. Phèdre insiste sur le fait qu'elle est "la veuve de Thésée" (vers 40). Phèdre continue de se mépriser : vers 47 : "sang trop vil", c'est à dire sang méprisable. Quelquepart, elle est aussi un monstre par son désir masochiste de souffrir : vers 46 : "supplice si doux". Elle veut mourir de la main d'Hippolyte. Elle mélange le vocabulaire de l'amour et de la mort : voir vers 42. Le vers 48 nous fait penser que pour Phèdre ce serait presque pareil que ce soit son épée ou sa main : elle doit penser que son épée est le prolongement de son bras. Phèdre vient au devant : au vers 43 : on remarque une espèce d'offrande qui pourrait être aussi bien pour l'amour que pour la mort : on a une ambiguïté. L'amour est un don ici (cf dernier vers) : au moment même où elle demande de la tuer, elle lui demande