Il est des morts qu'il faut qu'on tue
F. Desnoyers semble penser que la mort n'est pas une fin en soi. Selon lui, il y a des morts que nous devons tuer. Ceci peut paraître paradoxal, car cela implique que ces morts ne sont pas vraiment morts! Il y a donc un rapport entre le mort et le vivant, entre la vie et la mort. Le vivant se doit de faire disparaître définitivement son ennemi, la mort.
Il vaut alors concevoir le défunt comme étant mort physiquement et ce n'est pas pour autant qu'il ne va pas continuer à vivre dans la mémoire des hommes qui sont encore en vie. Dans ce cas-là, le mort vivrait-il par le vivant ?!
Je peux illustrer mon explication par l'exemple des esprits, des fantômes : une jeune fille s'éteint suite à une maladie; son corps n'est plus présent aux yeux de sa famille, mais cela ne les empêche pas de ne plus y penser. Leur fille devient alors un esprit qui les habite. Comment alors tuer ce mort ? Il ne tient qu'à sa famille de faire disparaître cet esprit en cessant d'y penser (même si c'est inconcevable, ce n'est qu'un exemple!) Certes un mort n'est jamais totalement mort étant donné que son âme vit encore.
Je ne pense pas que Desnoyers ait voulu nous parler des esprits! Il faut donc penser cette affirmation dans un contexte plus général. Je pense ici aux sentiments.
Une personne ayant vécu, dans son passé, une situation marquante, blessante, par exemple une rupture, croit quelques années plus tard l'avoir oubliée, enterrée. Or, ses sentiments ressurgissent alors qu'elle les pensait morts, loin derrière elle. Ceci signifie que cette personne n'a pas totalement fait le deuil de cette histoire passée. Ces sentiments disparaîtront lorsqu'ils ne seront plus présents dans sa mémoire. Les souvenirs, la nostalgie sont alors les facteurs de la présence de la mort dans nos mémoires.Il faut l'exorciser.
Le problème ne vient pas du défunt mais du vivant car si la mort vit encore, c'est en nous, donc, par nous. Le