Il etait une fois
Seconde 2 Lyc ée Montchapet
LE CHAT NOIR
Mademoiselle Olympia sortit de derrière le paravent tout juste vêtue d’un châle épais qu’elle tenait autour d’elle. Ce châle dévoilait ses épaules rondes et douces, et sa peau semblait si lumineuse qu’on eût dit qu’elle était éclairée de l’intérieur tant elle semblait irradier. La bouche sèche, je serrai plus fort mon pinceau et m’efforçai de paraître professionnel. En réalité, rien ne m’intimidait plus que cette femme et cette peau irréelle que j’allais devoir coucher sur la toile rigide de mon châssis. Lui tendant le bras, je conduisis Mlle Olympia jusqu’au divan. Elle me sourit et me sembla si forte et assurée qu’elle avait l’air d’irradier encore plus ; et quand elle s’allongea et que sa domestique lui retira avec délicatesse son châle, alors m’apparut toute la splendeur de son corps. Il me semblait que sa chair avait été sculptée dans la plus belle des matières, une soie moelleuse, fondante et ferme à la fois. Ce pied dodu, cette main fine, ce sein rond, tout en elle évoquait la grâce. « Quelle femme, quelle déesse ! » songeai-je, émerveillé. Mlle Olympia eut un petit rire qui me sortit de ma rêverie, et je rougis en m’apercevant qu’elle m’observait d’un air amusé. Pour me donner une contenance, j’attrapai ma mine de fusain et commençai mon croquis. Cet après-midi là, la lumière était exceptionnelle et illuminait son grain de peau laiteux d’une façon si extraordinaire que je me demandai si je n’étais pas en train de rêver. De plus, la domestique avait eu l’excellente idée d’apporter un bouquet de fleurs. Celui-ci contrastait admirablement avec la couleur des tentures du fond de la pièce. Pour la remercier de cette initiative, je décidai d’intégrer la servante au tableau, et Mlle Olympia parut apprécier mon idée. Je peignis des heures durant, sous le regard attendri de mon modèle. Lorsque la lumière décrut et se transforma en coucher de soleil, je reposai mon pinceau, épuisé. La servante ramena le