« Il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer. » Beckett
Pourtant, retrouver le moral, se redonner le moral n’est pas affaire de moralité càd de devoir : c’est affaire de vertu, dit Aristote (Ethique à Nicomaque, III), càd de disposition naturelle toujours déjà présente de façon latente en moi et qu’il faut trouver le moyen d’actualiser. Alors que la plupart des vertus sont des dispositions personnelles que l’on a ou que l’on n’a pas (le talent de musicien par ex), Aristote reconnaît trois vertus morales partagées : le courage, la justice et la prudence, cette dernière étant prépondérante car elle est la vertu de délibération et règle les deux autres en nous permettant de dégager une mesure commune (en justice on délibère avec les autres, dans le courage, on délibère avec soi-même mais en ayant en vue le bien de la communauté : vertu silencieuse et collective). Et le courage surgit toujours dans les situations inédites, on se surprend soi-même à être courageux alors qu’on croyait ne pas ou ne plus pouvoir l’être : « La surprise est l’épreuve du vrai courage » Aristote.
La phrase de Beckett ne veut pas dire qu’il y a un devoir d’être courageux ou qu’il faut continuer de faire ce que l’on a à faire au nom du mérite, au nom de