Il y a deux homme dans chaque homme
La vie d'Édouard semble dès lors réglée et sans surprise, jusqu'au jour où, lors de son déjeuner quotidien avec ses amis, dans son troquet habituel, il est violemment interpelé par le regard pénétrant et attentif d'un homme qui l'observe dans un miroir. Édouard, très troublé, ne peut s'empêcher d'agir en fonction de ce regard et souhaitera intensément dans les jours qui suivront que cette personne reparaisse dans son restaurant. Comme il l'espérait l'homme revient, et petit à petit un rapprochement s'opère, un dialogue s'installe, et les présentations se font. Il s'agit de Louis Salavin, un employé de bureau, marié et père d'un petit garçon de trois ans qui vit avec sa femme Marguerite et sa mère dans leur petit appartement de la rue du Pot-de-Fer. Les deux hommes, dans une longue attente inconsciente l'un de l'autre, nouent une amitié fulgurante, « se font présent d'eux-mêmes à chaque minute, comme des amants, mais comme des amants qui seraient de purs esprits et non des corps avides »[1]. Édouard, sous l'influence de Salavin, délaisse ses amis, son foyer, et occupe une grande partie de son temps libre à errer dans les rues de Paris, bras-dessus, bras-dessous avec Louis, devisant sur le monde et les hommes où allant au spectacle. Louis qui vient de perdre une nouvelle fois son emploi, se voit proposé par Édouard un poste d'employé dans l'entreprise où celui-ci vient d'être fraichement promu directeur scientifique. Édouard est