Illusion comique
L’Illusion comique (1635) de Corneille représentée pour la première fois au théâtre du Marais en 1636 et publiée en 1639 chez François Targa est ici mise en scene par le bulgare Galin Stoev.
A trop faire de reproches à son fils, on le perd et le regret de cet éloignement vous fait chercher tous les moyens de le revoir. C'est ce qui arrive à Pridamant que son ami Dorante conduit alors chez Alcandre, un homme hors du commun capable de miracles. Le magicien "donne un coup de baguette magique et on tire un rideau, derrière lequel sont en parade les plus beaux habits des comédiens." Les protagonistes deviennent alors des spectateurs sous les yeux desquels se déroulent comme à l'écran les aventures de Clindor, jeune homme prêt à tout, à "faire danser un singe au faubourg Saint-Germain" , à tourner des rimes et des romans, à devenir le valet du poltron Matamore, même à monter sur les planches pour gagner sa vie et le coeur de l'irrésistible Isabelle. Ces péripéties, joyeuses ou tragiques, ne seraient que divertissement si Corneille n'en avait fait aussi une véritable apologie du théâtre par la virtuosité de la mise en abîme du théâtre dans le théâtre.
Le jeu très enjoué des comédiens dès les premières scènes crée paradoxalement une tension dramatique particulière. La complicité affichée entre le personnage du fanfaron Matamore (génial Podalydès ) et de son valet (Loïc Corbery) va brouiller les pistes pendant quelques temps car il intervient après un premier acte sombre, dépouillé et même déroutant.
Denis Podalydès est un grand comedien avec une interprétation a couper le souffle Ce fier imbécile de Matamore qu'il incarne aussitôt amuse, il suffit d'un geste de la tête, d'un regard, d'un déhanchement du comédien pour provoquer l'hilarité dans la salle. Bien vite, Loïc Corbery peut exprimer sa jeune beauté fougueuse, Judith Chemla devient drôle et attachante. Chacun de ses monologues est brillant, sincère et