Imagination et réalité

3804 mots 16 pages
Bellot Anaïs ECE1

Imaginer est-ce nier la réalité ?

«Nous naissons tous fous, quelques uns le demeurent» écrira Samuel Beckett dans sa pièce En Attendant Godot ou il met en scène deux personnages, Vladimir et Estragon, pour qui les journées se reproduisent inlassablement à l'identique: victimes d'une sorte d'amnésie nocturne, ils gardent seulement en mémoire l'idée d'un rendez-vous avec un certain Godot qui ne viendra jamais les rencontrer en personne. Quelle réalité expérimentent ces deux personnages ? Une sorte de réalité appauvrie car intrinsèquement répétitive: chacune de leur journée se reproduit en effet à l'identique. Mais au-delà, peut-on seulement dire que ces deux personnages évoluent dans une quelconque réalité ? Il semble que non si l'on entend le terme de réalité au sens de l'existence effective des choses en tant qu'elles s'érigent comme absolument nécessaire, que l'on éprouve une résistance à leur contact. Vladimir et Estragon se sont ainsi recréés involontairement un univers parallèle où tout n'est qu'un éternel recommencement et qui échappe ainsi à la réalité du temps. Ce monde parallèle est un 'monde dans le monde', il est issu de leur subjectivité ou plus exactement de leur amnésie nocturne et recrée une vision particulière dans l'univers commun. Une première difficulté survient alors: si chacun perçoit la réalité en fonction de sa propre personnalité – l'illustration de Vladimir et d'Estragon étant un cas extrême- l'imagination, en tant que faculté permettant de se former des images qui se superposent à l'expérience empirique, est-elle vraiment une façon de rejeter la réalité, de nier son existence ? Ne serait-elle pas plutôt une voie d'accès personnelle au monde, l'unique façon pour l'homme de découvrir la réalité du monde ou plutôt sa réalité propre puisque en tant qu'être sensible et particulier sa vision est spécifique ? Serait-ce alors à dire que chaque jour nous ne percevons pas mais plutôt que nous imaginons ? Cette

en relation