Imaginer est-ce refuser le réel ?
Comme l’imagination semble s’opposer à la raison, elle semble aussi s’opposer à des notions comme celle de vérité ou de réel. Il est vrai que l’imagination semble plutôt du côté du principe de plaisir plutôt que de celui de réalité, si l’on reprend la typologie de Pascal. L’imagination est souvent associée à la sensibilité, aux passions, à l’évasion et à l’incohérence. On peut donc penser qu’imaginer est en soi un refus du réel, de ce qui existe effectivement, de ses contraintes et de ses codes.
Seulement est-il réellement possible de s’extirper du réel ? Avec toute la volonté du monde, il est impossible de refuser le réel avec succès, c'est-à-dire d’en être à l’écart, même pour un court instant. La conscience, notre attache avec le réel, est la garante de notre existence. Ne plus être dans le réel c’est tout simplement ne plus exister.
Qu’est ce qu’imaginer alors ? Quel type de refus est-ce ? On peut penser l’imagination non pas comme le refus de la réalité mais d’une réalité particulière, à un instant donné. L’imagination est alors la production d’alternatives. Elle permettrait de dépasser, le réel de se projeter pour le changer, le comprendre ou l’enrichir.
Quel est le but recherché par le sujet lorsqu’il imagine? Est-il possible de faire abstraction de la réalité ? Quel type de refus l’imagination opère t’elle ?
On peut légitimement penser qu’imaginer équivaut à refuser le réel c'est-à-dire à vouloir délibérément l’écarter. L’écarter pour faire une pause, ou se créer un autre monde qui nous sied plus. L’art est « comme le royaume de l'imagination » (Freud). Ce qui nous intéresse ici c’est qu’il est aussi le lieu de tous les plaisirs et escapades, autant pour l’artiste que pour l’observateur. Un artiste prendra énormément de plaisir à se couper du monde et créer. Alain décrivait d’ailleurs ce processus de création comme un abandon. Il le distinguait de l’industrie en rappelant que durant le processus de création, l’œuvre