Immobilier et politique monétaire
Eric Heyer et Xavier Timbeau
Département analyse et prévision de l’OFCE
Nous proposons dans cet article une modélisation et des estimations économétriques permettant de représenter et de quantifier le canal de stimulation monétaire par l’immobilier. Cette modélisation apparaît robuste, conduit à un ordre de grandeur plausible et permet de mesurer les différences de sensibilité des différents pays à la stimulation monétaire entreprise depuis 2001. D’après nos estimations, la sensibilité de l’économie européenne à une baisse des taux d’intérêt est deux à trois fois inférieure à celle de l’économie américaine. Combinée à une réactivité plus faible et plus timide de la banque centrale, cela implique une moindre régulation de la conjoncture de la zone euro par les taux d’intérêt. La moindre sensibilité de l’économie européenne résulte de facteurs multiples et complexes : d’une part, les évolutions défavorables du revenu et du chômage ont limité le développement de l’endettement des ménages en France et en Allemagne ; d’autre part, des facteurs structurels, liés au fonctionnement du système bancaire, limitent l’impact de la politique monétaire via ce canal en Europe.
* Cet article reprend la deuxième partie de l’étude L’immobilier, pilier de la croissance ou épée de Damoclès, réalisée pour le Service des études économiques et la Commission des finances du Sénat. eric.heyer@ofce.sciences-po.fr xavier.timbeau@ofce.sciences-po.fr
Janvier 2006
Revue de l’OFCE 96
Éric Heyer et Xavier Timbeau
L
a baisse des taux d’intérêt amorcée en 2002 avait pour objectif de stimuler les économies après le ralentissement consécutif à l’éclatement de la bulle Internet et aux attentats du 11 septembre 2001. La stimulation monétaire s’est doublée dans certains pays — principalement aux États-Unis et au Royaume-Uni — d’une stimulation budgétaire massive. Le principal canal de transmission de la politique monétaire n’a pas été comme