Immun
D’entrée de jeu je raconte cette petite observation, parce que je voudrais combattre le sentiment, aujourd’hui extrêmement répandu, qu’il est facile de se changer. Il suffirait de changer de lunettes, de vêtements, de look, de voiture, de conjoint, il suffirait de s’essayer autrement. Il suffirait, comme notre Georges en état de touriste, de vacances et de légèreté, de partir loin, bien loin de nos vies routinières. C’est la forme universelle du changement : le déplacement. Avec quelle frénésie nous nous déplaçons sans cesse, en quête de changements ! Hélas, si loin que l’on soit parti, le « moi » est toujours là, tout près de nous, blasé, mesquin et ennuyeux. On voudrait encore le changer mais il est trop propre. Que faire alors ?
TENTATIVES DE CHANGEMENT
Georges a de l’argent, et instinctivement il va d’abord chercher à se changer par l’argent, en achetant un nouveau regard sur soi. Et il a raison, car l’argent est la figure même du possible, de ce monstre protéiforme qui peut se transformer comme magiquement sans cesse en autre chose : il donne un sentiment de liberté, et que tout est remplaçable. Mais on ne peut pas tout acheter, de toute façon on n’a pas assez d’argent et un nouveau « soi » est hors de