Imperatif present- michel tremblay
Michel Tremblay, dans son œuvre en diptyque qui s’intitule L’impératif présent, reprend l’invention de Balzac : le retour des personnages d’une œuvre à l’autre, et réintroduit les personnages de la pièce Le vrai monde dans un cadre plutôt québécois du Plateau Mont-Royal et de sa langue populaire, le joual.
Dans cette pièce, Tremblay met l’accent sur la solitude de deux consciences blessées d’une façon irréparable. En raison de la construction sous forme de miroir des deux actes, le lecteur se place au cœur d’une dispute familiale qui dure trente-deux ans où le père Alex, un vieil homme de soixante-dix-sept ans et son fils, l’écrivain reconnu, Claude âgé de cinquante-cinq ans, se noient dans la haine à la suite de plusieurs malentendus. L’impératif présent replace le fils face au père dans un texte dont la structure nous reste volontairement cachée. Les deux actes sont essentiellement des monologues cathartiques : le premier introduit un fils s'adressant à son père qui est maintenant à un stade avancé de la maladie d'Alzheimer et donc incapable de verbaliser les critiques qu’il reprochait jadis à son fils.
Visitant trois fois par semaine pour laver et nettoyer son père, Claude, semble parler de sa vérité à un public captif qui ne peut ni réagir ni répondre à ce qui est dit, afin de lui rembourser, jour après jour, ses railleries et ses critiques. Claude accuse Alex, qui est confiné à un fauteuil roulant, d'innombrables échecs en tant que parent : un ivrogne critiqueur qui est toujours à l'affût pour les défauts d'autrui. Son égoïsme ainsi que sa nature abusive étaient un fardeau pour sa malheureuse famille.
Claude donc fait sortir son douleur, sa déception et la rage impuissante d'être systématiquement ignoré par son père: " J't'écris des pièces délirantes, mal construites, trop lyriques trois après-midi par semaine, Pis tu peux même pas les apprécier." (Acte I)
La chose la plus surprenante pour Claude, c'est la