Inca
Plus âgé que Cortés, le conquérant de l'Empire inca ne connaîtra la gloire que très tardivement : il lui aura fallu, en effet, franchir les innombrables obstacles que son origine des plus modestes avait accumulés sous ses pas. Fils naturel d'un officier espagnol, il doit gagner sa vie dès l'enfance, comme gardien de porcs, dit-on. Adolescent, il suit la voie normale des déshérités en quête d'un emploi et s'engage dans l'armée ; totalement illettré, il restera simple soldat. Après avoir guerroyé en Italie, il va chercher fortune dans le Nouveau Monde avec Nicolas de Ovando en 1502. D'abord lieutenant de Alonso de Ojeda à San Sebastian de Uraba (1510), il se trouve en 1513 aux côtés de Vasco Núñez de Balboa, lorsque ce dernier, après avoir franchi l'isthme de Panamá, découvre la « Mar del Sur », que Magellan dénommera Pacifique. Resté dans la région au service des uns et des autres, Pizarro finit par obtenir un petit « repartimiento », c'est-à-dire l’attribution de quelques Indiens qui lui sont concédés pour travailler des terres. Il n'en suit pas moins attentivement les tentatives des aventuriers qui sont tous à la recherche de l'or.
En 1522, l'un d'eux, Pascual de Andagoya, s'est avancé vers le sud, sur le littoral du nouvel océan. Il a entendu parler d'un grand empire, le « Birú » ou « Pirú », dont le souverain, fabuleusement riche, régnerait sur les hautes terres de l'intérieur. Mais Andagoya n'a pas les moyens de poursuivre l'entreprise et doit céder son navire : Pizarro est preneur et s'associe dans ce but au Panamá (1524) avec Diego de Almagro (1475-1538) et un prêtre nommé Hernando de Luque qui figure dans l'entreprise comme prête-nom de Gaspar de Espinosa. Les trois hommes obtiennent du gouverneur de Panamá, Pedrarias Dávila, l'autorisation de poursuivre les recherches, et leur expédition prend la mer en novembre 1524 : de nouveaux renseignements confirment l'existence du « Pirú ».
Pizarro part de Panamá avec un navire, deux canots et