Le danger que l’on pressent, mais que l’on ne voit pas, est celui qui trouble le plus ». Cette citation de Jules César est certes bien lointaine, mais reflète tout de même la situation dans laquelle se retrouve l’héroïne du passage présenté. Ce dernier a été écrit par Sébastien Japrisot en 1996, romancier, scénariste, traducteur, réalisateur français du célèbre livre qu’il a adapté au cinéma, Un long dimanche de fiançailles. Le travail de cet écrivain est d’une telle finesse que ce dernier n’est pas le seul à être passé sur les écrans cinématographiques : La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, roman policier dont est tiré le passage étudié a été lui été adapté par Anatole Litvak. L’extrait concerné met en scène une jeune femme qui se retrouve piéger au fin fond du trouble voire de la folie suite à une agression mystérieuse dans une station service. Un danger pressenti, qui noie à la fois l’héroïne et le lecteur dans un profond sentiment d’incertitude. Comment l’auteur réussit-il à transmettre une telle sensation ? Suite à la lecture méthodique de ce passage, nous apprenons les violences physiques de l’agression, avant de réaliser le trouble causé chez l’héroïne. Dans un premier temps, on remarque que le point de vue du narrateur est interne. Le récit est donc fait à la première personne, ce qui montre que le personnage principal, la jeune femme, est seule, dépourvue de toute aide. En effet, aucun « nous » n’est employé dans le texte, il contient uniquement des premières personnes du singulier. De plus, cette première personne permet au lecteur de se mettre à la place de l’héroïne. C’est un choix judicieux de la part de l’auteur, il l’utilise pour faire ressentir au lecteur tout ce que la victime subit. D’autre part, dès les trois premières phrases du récit, le lecteur est saisi. En effet, les verbes au passé composé « ne suis pas folle », « ai arrêté » et « ai demandé » donnent au début du texte un aspect assez brutal. Le...