Incipit de roman

Je la regardais depuis maintenant 36 minutes. Ses cheveux dorés reflétaient la lumière traversant la fenêtre du café. Je n’entendais rien. Même pas les tintements des cuillères en métal contre les tasses de porcelaine du couple à ma gauche ; même pas les soupirs de la jeune serveuse essuyant les tables collantes de sucre et de miettes de biscuits en face de moi. Je n’entendais que ses tapotements de doigts contre la table. Ce simple bruit me faisait fondre. Elle avait des taches de rousseurs dans l’arrière de sa nuque, sa robe en dentelle était ouverte dans le dos. Elle n’avait rien d’aguicheur ; au contraire, mais je ne pouvais faire que l’analyser de haut en bas. Sans la perdre du regard, je remonte mon jean tombant, j’ai besoin de nouvelles ceintures. Le café que j’ai commandé n’arrive toujours pas. 38 minutes. Je voyais le reflet de son visage dans la vitre transparente en face d’elle. Un visage si pur, si fin, je pourrais le tenir dans ma main et le caresser du front au menton en moins d’un coup de paume. Ses yeux étaient noisette, je pourrais m’y plonger. Retourne toi. Laisse moi la chance d’admirer ces yeux, ce nez en trompette, cette bouche ferme et ronde. 40 minutes. Le café n’est toujours pas la, je commence à me demander si je