Incipit jacques le fataliste
Axes de lecture:
I). Le refus du roman traditionnel
A) Un lecteur malmené et déstabilisé
- Adresse au lecteur
Le texte commence par un dialogue fictif entre le narrateur et le lecteur. Le dialogue semble s’être instauré avant le début du roman.
Pourtant, le pronom personnel nominal « vous » permet à tout lecteur réel de s’identifier immédiatement au lecteur fictif et de ressentir d’autant plus vivement la familiarité (« que vous importe ? ») et la désinvolture avec laquelle le narrateur s’exprime.
- Rupture du pacte de lecture
Le texte débute par ailleurs par une série de phrases interrogatives. Les questions posées par le lecteur correspondent aux renseignements que délivre d’ordinaire l’incipit concernant les personnages, le temps, le lieu, l’action. En les esquivant (réponse évasive – « Du lieu le plus prochain », ou réponse à une question par une question – « Est-ce que l’on sait ou l’on va ? »), le narrateur refuse d’établir la situation d’énonciation. Sentiment renforcé par l’emploi du pronom personnel représentant « ils » qui ne renvoie au départ à aucun personnage connu.
Le narrateur rompt le pacte de lecture et rend impossible toute identification aux héros. L’illusion romanesque est cependant maintenue par l’identification du lecteur réel au lecteur fictif.
B)Un lecteur étonné et séduit
- Un discours dynamisé
Nouvelle rupture avec la tradition : le dialogue est préféré à la narration. Avec un début in medias res, le roman prend immédiatement l’allure d’une conversation à bâton rompu. L’œuvre est placée sous le signe de l’oralité.
- Polyphonie discursive
Deux dialogues se superposent : celui du narrateur et du lecteur, et celui de Jacques et son maître. La multiplicité des voix ou polyphonie énonciative peut avoir une valeur programmatique. Cet entrelacs énonciatif offre maintes possibilités narratologiques et laisse présager des interventions et