Incipit micromégas
d’emblée le genre littéraire semble affirmé par l’auteur, vu le sous-titre : histoire philosophique. Ce récit, une histoire, a donc un message à porter, puisqu’il ne s’agit pas de l’histoire de Micromégas, à l’instar d’une Histoire de Charles XII ou d’un Siècle de Louis XIV. Bien sûr, Voltaire joue sur le terme histoire en évoquant le sens de la vue : le conteur qui dit «je» est bien un témoin, ou du moins, vu la suite, celui qui transmet les propos, voire les histoires de Micromégas… Et tout ceci s’avère être des histoires, un démarrage trompeur car nous retrouvons en fait le schéma narratif du conte, avec son cadre spatio-temporel classique. Le lieu est en fait flou : «monde de l’étoile Sirius», comme le dit le titre du chapitre I, «Une de ces planètes», commence le paragraphe 1, au démonstratif «ces» trompeur, puisque, même féru d’astronomie que nous sommes, nous n’en savons rien – ou seulement tout dernièrement avec la mode des exoplanètes, sans oublier la distanciation exotique impliquée par le terme : «nommée» ; Le «dans» du début, à la réflexion, n’est pas de la plus haute précision : on attendrait plutôt : «sur»… le temps n’est pas mieux cerné: le présentatif «il y avait» reporte dans un passé évanescent le personnage présenté, par une seule qualité; Le conteur intervient à la première personne, avec «l’honneur de connaître» soulignant implicitement la qualité nobiliaire de ce dernier. C’est un voyageur avec «voyage», et l’ambigu «dernier», car c’est le premier et le dernier qu’il fait sur terre, à lire le texte. Au reste, notre témoin ne peut connaître les suivants, s’ils existent. Le dépaysement, déjà induit par l’éloignement astronomique, se confirme par la dépréciation de notre terre : «petite fourmilière». Les présentation se font simplement, avec une remarque apparemment anodine, mais cruelle pour l’orgueil de