Inconnu
Source : Capital.fr
12/05/2009 à 09:00 / Mis à jour le 03/08/2009 à 15:39
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Sanctionné à chaque mauvaise passe, un joueur de foot préfère ne plus transmettre le ballon. Gratifiés financièrement, des bénévoles se montrent finalement moins efficaces. Dans son livre, « Les stratégies absurdes » Maya Beauvallet, économiste et maitre de conférences à Telecom Paris-tech, démontre exemples à l’appui, comment la multiplication des indicateurs de performance et des dispositifs d’incitation peut aboutir à la démotivation. Explications.
Capital.fr : Vous dénoncez les techniques de management actuelles qui sont basées sur l’utilisation d’indicateurs de performance. Pourquoi ?
Maya Beauvallet : En économie on oppose traditionnellement les relations de marché (transactions payantes) et celles d’organisation basées sur l’autorité, la hiérarchie, la fidélité. Or nous avons introduit le marché dans les organisations et je pense que nous sommes allés trop loin. Le principe de base désormais admis est que toute tâche travail vaut de l’argent. Nous sommes passés à la marchandisation : tout ce que fait le salarié est aujourd’hui évalué pour ce que cela coûte à l’un et ce que cela rapporte à l’autre… Nous devons ce système à l’essor du capitalisme moderne où tout n’est que transaction. Le cercle familial est aussi touché : il est courant de payer les enfants pour qu’ils débarrassent la table par exemple. Si toutes les actions deviennent rentables, pourquoi dès lors les accomplir pour rien ?
Capital.fr :Faut-il pour autant rejeter en bloc les indicateurs de performance ?
Maya Beauvallet : Non, ils sont utiles lorsqu’ils améliorent l’information dans l’entreprise. Il faut qu’un employeur connaisse le niveau de la production ou l’ambiance qui règne dans sa société, les difficultés rencontrées par ses équipes. Les salariés sont aussi intéressés