Industries culturelles
1. Le concept d’industries culturelles est élaboré dans les années 40 par Théodor Adorno et Max Horkeheimer. Pour ces auteurs de l’École de Francfort, fortement inspirés de Marx et de Freud, il s’agit d’une expression regroupant l’ensemble des activités et techniques qui reproduisent massivement les œuvres culturelles, selon les principes de rationalisation et de standardisation. La production de l’art suit les mêmes critères que la production industrielle. Ainsi, la technique et son rôle dans le système capitaliste conduiraient à une dépravation de la culture. Adorno affirme que «cette culture ne nourrit les hommes que de stéréotypes».
La conjonction entre art et technique et la réflexion sur le caractère d’unicité de l’œuvre n’avaient pas échappé à Walter Benjamin. Dans un texte célèbre intitulé «L’œuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée», publié en 1936, Benjamin y analysait comment le principe même de la reproduction en série, notamment la photographie, entraîne la déchéance de l’aura de l’œuvre et la dissolution éventuelle d’une expérience authentique.
2. Le débat qui s’est instauré depuis sur les industries culturelles se superpose au débat sur une notion qui lui est directement liée celle de « culture de masse ».
Roland Barthes au début des années 60 rejoint la pensée de l’École de Francfort en opposant culture de masse et culture cultivée. D’un côté on aurait une culture de la classe des “élites“ et de l’autre une culture tirée “vers le bas“, phénomène propagandiste d’homogénéisation dont les moyens de diffusion réduiraient la qualité de l’œuvre.
3. Edgar Morin dans L’Esprit du temps(1962) soutient que la culture de masse n’est pas une forme de culture inférieure ou dégradée sur une échelle qui serait dominée par l’art et la littérature « savante » ; qu’elle n’est pas non plus, au sens ethnologique, une culture spécifique à un groupe particulier (elle n’est pas la forme contemporaine d’une « culture populaire ») ;