Innovation et croissance
« L’impulsion qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de consommation, les nouveaux modes de transport et de production, les nouveaux marchés, les nouveaux types d’organisation du travail – tous éléments créés par l’initiative capitaliste ». Schumpeter, Théorie du développement économique, 1912
Schumpeter fut le premier à donner à l’innovation une place prédominante dans la dynamique de la croissance économique. L’innovation, à savoir l’application réussie d’une invention, peut être radicale et révolutionner les structures existantes, ou alors incrémentale et améliorer la situation présente sans la bouleverser. Il en résulte de très forts gains de productivité, qui conduisent inévitablement à la croissance économique, soit l’accroissement durable de la quantité de biens et services produits dans un pays.
Si l’innovation nous a permis d’entrer dans la croissance économique moderne dès 1780 selon Kuznets, elle porte toujours de nombreuses attentes comme le « grand espoir du XXème siècle » formulé par Fourastié dans son livre Le Grand Espoir du XXème siècle ( 1949), soit un monde débarrassé du travail physique. Comment, depuis 1780, l’innovation entraîne-t-elle la croissance économique ? Est-ce une corrélation sans limites ? Permet-elle une croissance durable et socialement juste ?
Nous verrons dans un premier temps que l’innovation est une source indiscutable de croissance, qui a contribué au décollage économique ( Les étapes de la croissance, Rostow,1960 ), puis que l’innovation a des limites au niveau économique mais également social. Enfin nous analyserons comment l’innovation intervient dans la perspective de long terme.
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Pendant la Révolution Industrielle, l’innovation a décuplé la productivité agricole et industrielle. En effet, débute en Angleterre une révolution agricole dès 1700 qui permet à la croissance de la productivité agricole de passer de 0,02% par an entre la Rome Antique à