Intertextualité
« Valéry incite à penser en termes de bibliothèque collective et non de livre seul. Pour un vrai lecteur, soucieux de réfléchir à la littérature, ce n’est pas tel livre qui compte, mais l’ensemble de tous les autres, et prêter une attention exclusive à un seul risque de faire perdre de vue cet ensemble et ce qui, en tout livre, participe à une organisation plus vaste qui permet de le comprendre en profondeur.
Mais Valéry nous permet aussi d’aller plus loin en nous invitant à adopter cette même attitude devant chaque livre et à en prendre une vue générale, laquelle a partie liée avec la vue sur l’ensemble des livres. »
La publicité éditoriale a tendance a présenter l’œuvre qu’elle souhaite commercialiser comme unique, voire exceptionnelle. Pourtant, une œuvre a toujours des précédents : l’auteur, avant d’être écrivain, a été un lecteur, et les œuvres à écrire s’inspirent des œuvres lues. C’est ce que Valéry et P. Bayard soulignent avant tout : « le livre seul » n’existe pas sans les autres, sans cette « organisation plus vaste » qu’est, en fin de compte, la littérature elle-même. La question que se pose P. Bayard est la suivante : qu’est-ce que lire ? Ou comment lire aujourd’hui ? Et quelle est la lecture efficace ? Et sa réponse est la suivante : lire vraiment un livre, c’est « réfléchir à la littérature », et « penser en termes de bibliothèque collective », c’est à dire « prendre une vue générale » plutôt que « prêter une attention exclusive à un seul [livre] ». Le « vrai lecteur » doit « comprendre en profondeur » ce qu’il est en train de lire, le « vrai lecteur » est celui qui en lisant consulte la « bibliothèque collective » qui a permis que soit engendrée l’œuvre à lire. Valéry et P. Bayard nous invitent à considérer le livre non comme un objet exclusif, mais une œuvre comme texte, sujet d’une république de textes, qui rend possible l’œuvre. Cette république des textes, c’est la littérature. Une œuvre est le produit de