Intro conclusion andré mauroix travail de l'écrivain
Au terme de cette étude, nous voyons que le travail du romancier naturaliste ne peut se réduire à un simple enregistrement du réel, objectif et froid. L’émotion inhérente à toute œuvre d’art introduit nécessairement le regard de l’auteur dans sa subjectivité particulière. Et si nous, lecteurs d’aujourd’hui, continuons à être intéressés par un roman du XIXème siècle, c’est grâce à l’intervention personnelle de l’écrivain qui, par ses choix et son style, peut nous communiquer son émotion face à une réalité passée, anéantissant ainsi la barrière du temps et des modes.
Introduction :
Les années 1880 ont donné lieu à des débats très vifs à propos du genre romanesque. Les romanciers prennent alors l’habitude de se prononcer sur leur conception du roman. Guy de Maupassant, se plaçant dans le mouvement dominant du réalisme et du naturalisme sans toutefois appartenir à cette école, affirme dans Le Roman : "Pour nous émouvoir, comme [le romancier naturaliste] l’a été lui-même par le spectacle de la vie, il doit la reproduire devant nos yeux avec une scrupuleuse ressemblance". Ce sujet nous invite à réfléchir sur la définition même du roman, œuvre de fiction qui se donnerait pour but la transcription du réel : n’est-ce pas paradoxal ? Il sera intéressant, en prenant appui sur l’étude de Pierre et Jean, de montrer en quoi ce roman peut être considéré comme une tentative d’imitation du réel. Nous examinerons ensuite la difficulté qui se pose à l’auteur de concilier la " ressemblance " qui implique une certaine objectivité et l’"émotion" qui renvoie au contraire à la subjectivité. Enfin, nous verrons que Maupassant a peut-être moins tenté de reproduire le réel que de le