Intro Orientalisme
Entre fantasme et persécution, guerre :
« Le monde musulman commence à être appréhendé de façon plus objective. Mais, de nouveau, la grande caractéristique des Lumières, à savoir l’ambiguïté, va jouer. Si d’un côté, l’islam devient un objet d’étude, si l’on tente de le comprendre, d’un autre côté, il devient l’objet de tous les fantasmes qui sont le propre de l’Occident quand il pense à l’Orient. Il suffit de penser au Bourgeois gentilhomme de Molière. Le XVIIIe siècle, relativement à l’Orient, s’ouvre sur un coup de tonnerre : la traduction par Antoine Galland (1646-1715) des Mille et unes Nuits. Cette traduction arrivera la veine orientaliste des Temps Modernes, dont l’imaginaire se peuplera de sultans, de harems, de favorites et d’odalisques, qui ensemenceront toute une production picturale, romanesque ou musicale. Cet orientalisme sera encore renforcé par l’égyptomanie qui suivra l’expédition napoléonienne au pays des pyramides, et donnera sa pleine puissance artistique au XIXe siècle (…) Cependant, derechef, soulignons l’ambiguïté, le musulman, traduisons l’Ottoman, reste l’ennemi. ».1
« Le XVIIIe siècle voit fleurir, loin des circonstances politiques et militaires, un orientalisme esthétique et philosophique, fait à la fois d’attirance et de méfiance.
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« L’exemple de la perception européenne de la Chine est éloquent à ce sujet. Monde étrange et antique – l’Antiquité n’est donc pas que grecque et romaine – la Chine – à laquelle s’intéresse tant Montesquieu dans L’Esprit des lois – cette Chine que les jésuites ont investies de leur activités missionnaire, est un monde à part qui, du fait de son ancienneté et de sa culture permet de penser un autre modèle de civilisation que le modèle occidental, un autre modèle de pensée aussi, puisqu’on commence à s’intéresser au confucianisme. »2
« Siècle de la raison, le XVIIIe siècle fut aussi celui de tous les fantasmes. C’est ce qui fait son ambivalence. C’est ce qui fait son charme aussi.