Intro texte heidegger
« Dans ce texte, Heidegger, philosophe contemporain, s’interroge sur le rapport qu’entretiennent deux formes de pensées distinctes et précises que sont la pensée qui calcule, d’une part, et la pensée qui médite, d’autre part. En effet, si l’homme est en fuite devant la pensée, c’est avant tout parce que ce dernier n’a pas su, ou n’a pas voulu, actualiser, développer cette pensée qui médite ; bien plus, il l’a progressivement abandonnée au profit de la première. Dès lors, cela signifie que l’homme fuit sa pensée, qu’il oublie en réalité ce qui détermine et constitue son humanité, à savoir son caractère tout autant raisonnable que rationnel. C’est pourquoi Heidegger se propose de penser ce manque croissant de pensée comme l’image de qui ôte la richesse et la substantifique moelle de l’homme. Ainsi, il convient de saisir la thèse selon laquelle notre humanité passe par la possession et l’actualisation de cette pensée qui médite et uniquement par celle-ci. Cette méditation propre à l’espèce humaine serait donc l’expression d’une qualité telle que rien d’autre ne viendrait en quelque sorte fonder, et ce de manière durable et indubitable, le caractère proprement humain de l’homme. Cependant, une telle perspective, si pertinente soit-elle, ne fait-elle pas l’économie de certaines dimensions qui, par essence, définissent l’humanité et déterminent une manière d’être et d’exister au monde spécifiquement humaine ? C’est ainsi que le développement unique et unilatéral de la pensée qui calcule s’accompagnerait d’une absence totale de pensée et, consécutivement, d’une perte de notre humanité. En conséquence, cet être qu’est l’homme, cet être de culture, maîtrisant volontiers la nature pour survivre, se donnant les moyens d’exister dans un monde naturel qui lui est le plus souvent hostile, perdrait donc son humanité en s’humanisant, c’est-à-dire en s’arrachant d’une vie naturelle et biologique au profit d’une vie qui parviendrait, à force de maîtrise et de