Introduction au roman tunisien mustapha tlili
Introduction au roman tunisien :
Mustapha Tlili
La littérature tunisienne de langue française ne s'est développée que modérément et tardivement si on la compare à la littérature algérienne. Ceci s'explique par la permanence d'une riche littérature de langue arabe, qui s'est renouvelée à partir des années 30, puis au lendemain de l'Indépendance (1956). Le roman tunisien en langue française, en dehors des œuvres d'Albert Memmi, s'est toujours fait timide jusqu'aux années 70 où il a commencé à se développer. Quatre auteurs se sont alors détachés par leur talent : Mustafa Tlili, Abdelwahab Meddeb, Souad Guellouz et Hélé Béji. Bien que les sujets qu'ils abordent et leur façon de le faire soit très différentes, ils expriment tous un certain désenchantement face au présent de manière plus ou moins explicite. Pour des raisons très pragmatiques de disponibilité nous avons axé notre étude sur Mustafa Tlili et sur deux de ses romans intitulés Le Bruit dort et La rage aux tripes. Cet ouvrage écrit en 1978 met en scène, dans une fiction généralisée, les destins différents d’une poignée d’être mais qui ont tous le point commun d’être en quête d’un ancrage impossible.
Mustapha Tlili est né en Tunisie en 1937. C’est un auteur discret dont on parle peu et pourtant son œuvre littéraire est des plus intéressantes. Après avoir réalisé ses études secondaires en Tunisie, il s’inscrit à Paris, à la Sorbonne. Il y suivra des cours de philosophies, dans un climat de fièvre politique marqué par la guerre d’Algérie et l’accession à l’indépendance du Maroc et de la Tunisie. Puis l’auteur s’envole pour les Etats-Unis. Il a passé treize années à New-York avant de revenir dans la capitale française. Diplômé du United Nations Institute for Training and Research, il a accompli toute sa carrière comme fonctionnaire à l'O.N.U., mettant en scène, essentiellement, le déchirement de l'ancien colonisé.
Le malaise de ce dernier réside dans la coupure de ses racines