Enseigner l’histoire c’est injecter de la raison dans la mémoire. Mémoire et histoire sont deux formes du rapport au passé. La mémoire est le rapport irrationnel qu’un individu ou qu’un groupe, familial, tribal, national, ou autre entretient avec son passé. La mémoire de fait, évolue, oublie, déforme, revitalise le passé, ne conserve que ce qui la conforte, censure, embellit. Il faut donc ordonner, classer, hiérarchiser les faits, réfléchir aux causes, aux conséquences. Hiérarchiser revient à arpenter le temps or le temps de l’historien dépend en grande partie de la notion du temps qui varie selon les civilisations et les époques. Du fait des difficultés propres à l’étude des époques antiques et médiévales, il est d’usage de commencer la formation des historiens par les époques modernes et contemporaines que bien des gens confondent. Il s’agit donc ici de montrer les caractéristiques de l’époque moderne, à grands traits. I Qu’est-ce que l’époque moderne ? La périodisation est un vaste sujet. En effet, par delà le désordre des événements, structurer le temps c’est faire œuvre d’historien c’est chercher un sens aux événement, les regrouper pour saisir les inflexions. Dans la tradition françaises, voire occidentale les quatre vieilles périodes ont servi de base aux chaires universitaires, à la périodisation scolaire A Les grandes coupures chronologiques françaises Il est d’usage de diviser l’histoire en quatre grandes périodes historiques : 1 l’Antiquité de a fin de la Préhistoire à la chute de l’empire romain d’occident avec la déposition de l’empereur enfant Romulus Augustule en 476 ap-JC. 2 le Moyen Age dont la dénomination montre bien l’état d’infériorité dans lequel il a été tenu. Ne dit-on pas de manière péjorative moyenâgeux pour indiquer l’archaïsme, gothique pour caractériser un art qui ne pouvait venir que des Goths, des barbares. Il s’étend sur près d’un millénaire de 476 à 1453, fin de la guerre de Cent Ans avec la bataille de Castillon et la chute de