Je suis Salama, je viens d’une famille pauvre de Missira au Sénégal et je vais vous raconter mon histoire.

Au cours de l'hiver de mes 19 ans, j'ai rencontré deux humanitaires français, Daniel Balorge et Thierry Sabèche qui m'ont donné un magazine français. En le feuilletant, j'ai vu un coupon que j'ai rempli pour gagner un voyage à Las Vegas. Quelques semaines plus tard, ma mère m'a apporté une lettre venant du jeu auquel j'avais participé. Je n'ai pas tout de suite compris que j'étais l'heureuse gagnante, mais en juin je partais déjà pour Miami.

J'ai donc pris le bateau à destination de Miami. J'ai d'abord été impressionnée par la grandeur et la beauté du paquebot. Tout le monde était vêtu d'une tenue bourgeoise et je me sentais ridicule avec mes pauvres habits. Je partais seule parmi la foule pour une semaine sur le bateau. Lorsque je suis montée à bord, mes yeux ne savaient plus où regarder, j’étais fascinée par la splendeur, l’immensité et la richesse du navire. Il y avait de grandes piscines, beaucoup de restaurants, des magasins de luxe et une multitude d’étages. Après l’avoir admiré quelques dizaines de minutes, je partis poser mes valises dans ma chambre. Elle aussi luxueuse avec tout le confort possible. Je me sentais pour la première fois telle une princesse. Je pensais que ce voyage serait un rêve. Dans la soirée je décidai d’aller explorer l’univers des riches. Je me rendis alors à la grande soirée où tous les voyageurs se retrouvaient. Mais je me sentis vite male alaise, les gens dansaient, buvaient ou mangeaient et se bousculaient. Les quelques-uns qui me remarquèrent me défiguraient puis rigolaient de moi avec leurs amis en se demandant ce que je faisais ici. Un jeune homme d’une trentaine d’années m’a même dit en rigolant : « C’est fini le commerce triangulaire, t’aurai dû rester chez toi ! » A ce moment, je me suis dit que le racisme lui, ne devait pas être aboli. Mon avis a complètement changé et je ne sortais plus de ma chambre que