Chapitre premier

Un matin d’automne, madame Polanski se réveilla. Elle ouvrit les yeux comme si elle ne s’était jamais endormie, elle regarda l’heure. Il était cinq heures et demie. Elle essaya de se rendormir mais elle ne pu. Elle se leva, marcha jusqu’à sa fenêtre et ouvrit le rideau. Elle regarda longuement les feuilles tombées des arbres une à une. Et elle compara cet arbre à sa vie, à elle. Depuis deux ans tous les matins se passaient de cette façon et rien ne changeait, sauf le monde extérieur. Depuis deux ans plus rien ne lui plaisait, plus rien n’avait d’importance dans ce monde. Aujourd’hui, c’était l’anniversaire de la mort de sa fille. Elle avait seize lorsqu’elle est décédée. Chaque jour, chaque heure, chaque instant elle revoit sa fille, son trésor, sa fille morte, flottant dans son bain, flottant dans son sang. Cette image la hantait et elle ne pouvait pas l’oublier. Mais madame Polanski ne vivait pas seule, elle avait un amant, monsieur Blatski. Il connaissait sa douleur et ne la supportait plus. Ce jour-ci il n’était pas à la maison. Madame, auparavant était une femme pleine de vie, toujours prête à faire de nouvelles choses. Elle n´était pas du tout timide, bien au contraire, et très ouverte d’esprit. Elle jouait de la harpe. Sa fille adorait l’écouter et la regarder, ses yeux brillait d’admiration pour sa mère. Madame Polanski était une musicienne mais elle ne jouait plus depuis que sa fille avait quitté ce monde où elle n’a jamais pu trouver sa place. Elle ne su sortir un son de son instrument. Lorsqu’elle met sa harpe entre se genoux et que le haut de la caisse touche son épaule, elle se perd. Elle sent sa fille à travers, comme si elle pouvait revivre. Elle détestait cette sensation car lorsqu’elle arrêtait, la réalité s’emparait d’elle. Elle ne pouvait plus jouer tant la douleur et la haine la submergeait. Aujourd’hui, ce matin, elle décida de toucher son instrument, de le regarder attentivement, de le caresser, et même de lui parler.