Ioio
(Introduction) Il semble a priori impossible de se mentir à soi - même : l’expression même, si on l’analyse un tant soit peu, apparaît paradoxale. En effet, pour qu’un mensonge ait lieu, il est nécessaire qu’il y ai deux personnes qui ne soient pas dans la même situation : celle qui, dans son discours, cache volontairement une vérité qu’elle connaît et celle qui est susceptible d’être trompée par un tel discours. Or, dans le cas qui nous intéresse il faudrait que ce soit la même personne qui adopte en même temps deux rôles diamétralement opposés ; ce qui semble clairement impossible.
Cependant, comment expliquer que l’on puisse utiliser cette expression pour désigner un type d’attitude possible chez l’être humain ? Ainsi, par exemple, on pourra dire d’un amoureux passionné qui refuse de voir qu’il n’est pas aimé en retour de la même façon, qu’il cherche à « s’aveugler », « qu’il se ment à lui-même.
Nous sommes donc en droit de nous demander s’il est possible de se mentir à soi-même. Ne peut - il pas exister en l’homme une forme de dualité qui rend possible un tel rapport à soi ?
(Partie I) Si l’on présuppose l’existence d’une continuité et d’une unité dans la vie psychique consciente de l’être humain, les conditions pour qu’un mensonge soit possible ne sont pas réunies. De ce fait, comme nous l’avons évoqué, le mensonge suppose, d’une façon générale, l’existence de deux personnes qui sont dans des situations différentes, et même diamétralement opposées. IL est d’abord nécessaire qu’il y ai « un menteur », autrement dit quelqu’un qui connaît une vérité (ou qui croit en connaître une) et qui choisit volontairement de la masquer par un discours faux, dans le but de tromper autrui. Il faut ensuite « quelqu’un à qui l’on ment », lequel ne doit pas connaître la vérité, ni même simplement avoir conscience qu’on cherche à la tromper. Cela posé, il apparaît alors clairement, semble -t-il, que ces deux figures (le