Jacques le fataliste
Jacques le Fataliste
(1765-1783)
Diderot, Denis
Ecrivain et philosophe français né à Langres en 1713. Il est issu de la bourgeoisie aisée, il étudie la philosophie, la théologie, puis le droit à Paris ; il mène dès lors une existence de bohème (il fut, entre autres métiers, précepteur : curieux de toutes les formes de la connaissance, il consacra son activité à la constitution de l’Encyclopédie, tâche énorme qu’il dirigea de 1747 à 1766. Seul un voyage en Russie en 1773, auprès de Catherine II, interrompit cet œuvre immense. Il meurt en 1784. Diderot est persuadé que l’homme éprouve du plaisir à être bon (bonheur et vertu sont liés) et prône, contrairement à Rousseau, une morale sociale où le bonheur individuel et le bien général coïncident. « Emprisonné pour crime d'expression… ? L'art le plus important qu'on pu imaginer pour la propagation et la durée des connaissances humaines. » (Diderot, Lettre sur le commerce des livres).
Jacques le Fataliste et son maître
Jacques le Fataliste et son maître (achevé en 1773 et publié en 1796) est un dialogue philosophique étincelant de vivacité entre les deux hommes du titre, éclairants, le premier la question de la morale naturelle, le second, celle de la liberté humaine, et posant, par leur facture même, les problèmes de la création littéraire.
Deux personnages, un valet et son maître, chevauchent plus ou moins paisiblement sur des routes, vers une destination qui restera inconnue, s'arrêtent dans des auberges, devisent à bâtons rompus : questions philosophiques, souvenirs intimes, anecdotes... Au fil de leur voyage, d'autres individus de rencontre y vont aussi de leurs récits, et voilà que s'ouvrent de nouveaux tiroirs, qui multiplient les niveaux temporels et les registres, où se confondent allégrement la réalité et la fiction. Par-dessus tout, un narrateur souverain ne cesse d'intervenir, proposant au lecteur un étrange pacte narratif : « Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et