Jacques pilhan "écriture médiatique"
« Si vous comparez les budgets que Coca-Cola ou Général Food consacrent à l’étude du comportement des « Américains» et que le C.N.R.S. consacre à l’observation de la société française, le résultat se passe de commentaires... »
Jusqu’à une date toute récente, les hommes politiques se contentaient de répondre au coup par coup à la demande des médias. Leur attachée de presse répercutait les sollicitations : un journal de 20 heures, une émission de radio, une interview pour un journal. Ce que j.ai introduit là-dedans, c.est le concept de plan média. Plutôt que de répondre de manière pavlovienne aux propositions des journalistes, on préfère aller dans tel média. Télé, radio ou écrit selon l’effet que l’on veut obtenir, et à tel moment, selon la séquence dans laquelle on se trouve.
Prenons un autre cadre de référence : le rapport entre signal et bruit. Ce que vous percevez d’un signal, c.est la différence de son intensité avec l’intensité du bruit ambiant. Le citoyen, bombardé de messages, vit dans le bruit permanent des médias. En tant qu’homme public, si je parle souvent, je me confonds avec le bruit médiatique. La fréquence rapide de mes interventions diminue considérablement l’intensité du désir de m’entendre et l’attention avec laquelle je suis écouté. Si, en revanche, je me tais pendant un moment, le désir de m’entendre, compte tenu du fait que je suis, par exemple, président de la République, va s’aiguiser. L’attention qu’on va prêter à mes paroles va être considérable. La différence entre le signal que j’émets et le bruit ambiant sera très importante. Il y aura beaucoup de reprises dans les médias, beaucoup d’impact dans l’opinion. C.est ce qui va me donner le statut de leader par rapport aux acteurs trop présents dont le message fait partie du bruit public. Si, après avoir tendu le désir qu’a l’opinion de m’entendre par un silence relatif, je concentre plusieurs interventions sur une période courte, l’impact sera