jacques d'ammouur
La jeune Françoise voit le désastre envahir sa vie et assiste, impuissante, au massacre des siens. Toute sa vie. si calme autrefois, prend une tournure folle, tragiâme, comme toute jeune fille de son âge. au mariage, au bonh, elle constate, avec stupeur et angoisse, que la vie sur terre est faite de douleurs, de souffrances cl de massacres. Les sacrifices sanglants qu'exige le dieu de la guerre n'épargnent pas son fiancé et son père, n'épargnent pas sa propre âme, si peu préparée à ce genre de tortures. Son univers familial, si paisible avant le commencement de la guerre, dans ce beau coin de Lorraine, s'écroule comme les murailles du moulin de son père, comme un véritable château de cartes de jeu. Née pour l'amour et la vie, rêvant de toutes les fibres de son âme d'une vie de famille à côté de son futur mari, elle connaîtra la mort et la souffrance, au milieu des hurlements d'un monde en proie à la folie-, à la démence. Ce n'est pas la petite blessure provoquée par une balle allemande qui la fera saigner, souffrir, mais son cœur, brisé par la double perte des deux hommes qu'elle aimait le plus au monde: le père et le fiancé. Jeune, à dix-huit ans, elle connaîtra la mort indirecte, celle, plus tragique encore, plus douloureuse, plus éprouvante pour son âme. des êtres aimés, adorés même, justement parce que cette mort, absurde, ne sert à rien et à personne.
Grâce à ces pages de Zola. Françoise, son héroïne, rejoindra la vaste galerie, la tragique famille, le tragique cortège des héroïnes grecques et troyennes dont la vie et le bonheur ont été sacrifiés sur l'autel d'Ares, le dieu sanguinaire de la guerre, celles qui, comme elle, avaient perdu un mari, un frère, un père: Antigone, Andromaque, Cassandre, Hécube, Electre, héroïnes deven encore.