Je demeure le meme
Comment, plus généralement, penser cette identité du moi au cours du temps : comment se fait-il qu'en dépit des changements, je reste le même ? Le temps est en effet ce qui à la fois me fait changer et ce qui témoigne de ce que je reste le même. Comment penser l'identité du sujet et la cultiver au mieux ?
La permanence du sujet que je suis dans l'expérience, qui semble offrir une première réponse, est cependant insuffisante: c'est en effet l'identité du sujet de la connaissance et, plus encore, celle du sujet de l'action qui permettra de comprendre comment je peux rester le même en dépit du temps. L'expérience me présente mon moi comme changeant. Je vieillis, mes goûts se modifient, mes activités changent au cours de mon existence, je ne revois plus volontiers les mêmes personnes que j'aimais voir il y a quelques années. Tout cela me montre que je ne demeure pas le même au cours du temps, et c'est à peine si j'arrive à comprendre pourquoi j'ai pu agir de telle façon jadis, tant je suis devenu étranger à moi-même, au point que je douterais que c'est moi qui avais agis ainsi, si je n'avais pas gardé la mémoire de mes actes. Il n'empêche cependant que, quoique j'aie changé, c'est bien moi qui suis l'auteur de mes actes passés, et c'est bien à moi que l'on peut imputer mes fautes passées ou attribuer mes mérites éventuels, et à personne d'autre. Je reste donc toujours d'une certaine façon le même, quoi que je devienne. Quelle est donc cette part de moi-même qui semble rester invariable?
Une chose en tout cas m'accompagne de ma naissance à ma mort: mon corps.