Je est un autre
« Je est un autre » Proposition qui forme un paradoxe : le pronom qui désigne celui qui parle, celui que nous croyons le mieux connaître serait, à en croire Rimbaud, un autre. En quel sens l'entendre ? Est il un autre que celui qu'il croit être, un autre que celui que l'on croit connaître ? Ou alors devient il un autre à chaque instant ? Peu importe. Le sujet n'est jamais, selon Rimbaud, identique à lui-même. Il n'existe que dans le mouvement qui le fait différer de soi : il se transforme constamment.
DESCARTES, Méditations métaphysique : Je pense donc je suis... une chose qui pense. Mais en moi il y a l’infini : Dieu, son infinie liberté que j’éprouve comme mienne, et dont j’ai l’idée, moi qui suis pourtant fini et imparfait !
A. COMTE (fondateur de la notion d’altruisme : il en fait une règle sociale idéale. Règle morale : le moi s’efface au profit de l’autre. Morale du dévouement, du don de soi, de l’abnégation). Catéchisme positiviste , Second Entretien : montre que l’humain dépasse l’individualité : l’héritage scientifique, technique, artistique, moral politique, n’a rien d’individuel. Tout homme doit tout à l’ensemble des êtres humains passés et présents qui déterminent son existence : il doit leur obéir mieux qu’à lui-même.
ROUSSEAU, dans son Discours sur l’origine de l’inégalité (1è partie) affirme que la pitié est naturelle, c'est-à-dire sans réflexion : c’est parce que je participe à la détresse de l’autre que je l’épargne spontanément. C’est un sentiment naturel plutôt qu’une réflexion morale. Il dira le contraire dans son Essai sur l’origine des langues : : “Comment imaginerai-je des maux dont je n’ai nulle idée ?” “Celui qui n’a jamais réfléchi ne peut être ni clément, ni juste, ni pitoyable”.
KANT, Fondements de la métaphysique des mœurs, 1è section : le “je” est transcendantal : il éprouve du respect pour la loi morale qui est en lui : l’autre, c’est la morale, c’est-à-dire un absolu qui me dépasse, moi, être fini soumis