je ne sais pas
Stephen Jay Gould
Introduction Selon Socrate, les citoyens de la république devaient être élevés et classés d’après leurs mérites en 3 classes: les dirigeants, les auxiliaires et les artisans. Pour que la société soit stable, il faut que ceux-ci acceptent leur statut et respectent ces rangs. Afin d’assurer cet accord, vu qu’il n’y avait pas de raisonnement logique, Socrate inventa un mythe suivant lequel dieu a crée les êtres en leur donnant des caractéristiques propres à une fonction dans la société grecque. Il dit: « les personnes qui sont faites pour commander sont mêlés à l’or (rang le plus honorable); les auxiliaires sont mêlés à l’argent et les cultivateurs, les hommes de métier (=peuple) sont mêlés au fer et au bronze ». C’est une manière de justifier la classification des groupes.
Socrate ne peut faire croire cette histoire à son époque, mais ce fut le cas pour les générations suivantes: c’est cette même histoire à laquelle on croit depuis (dans des versions différentes). Le classement des groupes selon leurs mérites a changé selon les courants de l’histoire occidentale: Platon s’est appuyé sur la dialectique, l’Eglise sur les dogmes et depuis deux siècles, ce sont les thèses scientifiques qui font survivre le mythe de Platon.
Ce livre (« la mal mesure de l’homme ») parle de la version scientifique du récit de Platon: sa philosophie générale est le « déterminisme biologique » où l’on explique que les normes du comportement et les différences économiques/sociales (races, classes, sexes) sont innées/héritées et que la société est donc un exact reflet de la biologie. Ce livre présente un des thèmes principaux du déterminisme biologique: « la valeur des hommes se fait selon la mesure de l’intelligence en tant qu’entité séparée et quantifiable » qui ont été soutenus par deux sources principales: la craniométrie et certains tests psychologiques (=procédés de justification).
Les métaux ont été remplacés par les gènes