Jean de la Bruyère - Les Caractères
La sagesse se doit d'être double : individuelle et sociale
Quelles sont les causes et les solutions proposées ?
"Son talent consiste principalement dans l'art d'attirer l'attention Il ressemble à un homme qui viendrait arrêter les passants dans la rue, les saisirait au collet, leur ferait oublier leurs affaires et leurs plaisirs, les forcerait à regarder à leurs pieds, à voir ce qu'ils ne voyaient pas ou ne voulaient pas voir, et ne leur permettrait d'avancer qu'après avoir gravé l'objet d'une manière ineffaçable dans leur mémoire étonnée." Ainsi parlait Taine à propos de Jean de La Bruyère. En effet, le célèbre moraliste avait pour but de corriger les défauts des hommes de son temps, et c'est dans cette optique qu'il a écrit Les Caractères, dont la dernière édition, datant de 1696, contient non moins de mille cent vingt fragments.
Dans ce que certains critiques qualifient de "Bible de l'honnête homme", comment trouver la figure de l'homme sage, qui échappe aux travers et à la folie généralisée ?
Cette recherche se fait d'abord par les termes mêmes employés par La Bruyère pour désigner les personnages dont il parle. A ce stade, on s'aperçoit que la sagesse se doit d'être double : individuelle et sociale. Enfin, nous verrons quelles sont les causes et les solutions proposées par le moraliste.
Définir la figure de l'honnête homme dans Les Caractères est une tâche ardue. Car dans Les Caractères, le moraliste dépeint l'homme sous son jour le plus sombre et avec ses défauts les plus inavouables. De ce fait, il n'utilise les figures positives de l'homme que pour comparer ce dernier avec l'homme vicieux. De plus, lorsque La Bruyère emploie des termes a priori valorisants tels que "les Grands" ou "les Beaux Esprits", une deuxième lecture nous dévoile en fait que ces termes qu'on croirait flatteurs ne le sont pas, La Bruyère utilisant l'ironie comme arme pour sa critique. Dans un premier temps, on