Jean des tilles
Né à Ceva, dans le Piémont, en Italie, Aloysius Bertrand, de son vrai nom Louis Bertrand, était le fils d'une Italienne et d'un officier napoléonien. Il vécut un temps entre Dijon et Paris, où il exerça les métiers de correcteur en imprimerie et de journaliste, soucieux de mettre sa plume au service de la révolution et de son idéal romantique. À Paris, il mena une vie de bohème, mais sa santé fragile lui imposa bientôt de fréquents séjours à hôpital. Il s'était auparavant fait apprécier du cénacle hugolien par la lecture qu'il y fit en 1828 de son poème l'Agonie et la Mort du sire de Maupin, mais il ne put faire jouer son drame Peter Waldech ou la Chute d'un homme (1833). L'ensemble de son œuvre ne fut édité, par un proche, qu'après sa mort.
Jean des Tilles
- " Ma bague ! ma bague ! " - Et le cri de la lavandière effraya dans la souche d'un saule un rat qui filait sa quenouille. Encore un tour de Jean des Tilles, l'ondin malicieux et espiègle qui ruisselle, se plaint et rit sous les coups redoublés du battoir !
Comme s'il ne lui suffisait pas de cueillir, aux épais massifs de la rive les nèfles mûres qu'il noie dans le courant. - " Jean le voleur ! Jean qui pêche et qui sera pêché !
Petit Jean friture que j'ensevelirai, blanc d'un linceul de farine, dans l'huile enflammée de la poêle ! "
Mais alors des corbeaux qui se balançaient à la verte flèche des peupliers, croassèrent dans le ciel moite et pluvieux. Et les lavandières, troussées comme des piqueurs d'ablettes, enjambèrent le gué jonché de cailloux, d'écume, d'herbes et de