Tout d’abord, Jean Giono utilise un jeu de pronoms. En effet, il commence son texte à la première personne du singulier « je » (lignes 1, 2, 3, 7) notamment dans la phrase « l’horreur de ces quatre ans est toujours en moi » (ligne 7). Suite à cela, il généralise à l’aide du parallélisme de construction « Je porte la marque. Tous les survivants portent la marque. » Puis il passe à la première du pluriel avec l’arrivée de M.V., son capitaine dans la phrase « nous sommes à peu près les seuls survivants de la 6ème compagnie » (L13). Ensuite, il parle de son capitaine à la 3ème personne du singulier et finit par une nouvelle généralisation « il doit subir comme moi, comme tous » (L26) qui montre que personne n’est épargné par la souffrance due à la guerre. Dans le deuxième paragraphe, (ligne 16) « la 6ème compagnie était un petit récipient de la 27ème division comme un boisseau à blé. » est une métaphore filée : comme le boisseau à blé que l’on va « vider sous la meule » (L21) et qui est rempli sans cesse de céréales en grain, « la 6ème compagnie a été remplie cent fois et cent fois d’hommes. » (ligne 15). Le boisseau à blé est employé pour révéler l’horreur de la guerre, dévoreuse d’hommes. De plus l’hyperbole épiphorique « cent fois et cent fois » est répétée plusieurs fois (ligne 15-20-21) ce qui accentue d’autant plus l’importance du flux d’hommes qui entre dans la 6ème compagnie … et qui en ressortent morts. L’amalgame de ces figures d’exagération et de répétition créé une vision d’horreur en soulignant l’hécatombe de morts. Giono ajoute « nous sommes de tout ça les derniers survivants, V. et moi. » (L21) ce qui confirme la perte importante d’hommes. « La marque » que nous avions déjà évoquée, montre aussi la dimension spatio-temporelle que prend l’horreur : le temps passe mais « tous les survivants portent la marque » (L8), ce qui signifie que la guerre ne s’efface pas, elle a été comme tatoué dans l’esprit des soldats, et elle engendre un supplice