Jean rouaud
Introduction
Dans l’œuvre de Jean Rouaud, le père est la figure centrale, il est le moteur de sa quête de soi, de sa création artistique. Marqué par la mort de son père, le lendemain du jour de Noël 1963, alors qu’il n’est qu’un enfant, Jean Rouaud trouve un moyen de se purifier de cette « faiblesse existentielle »[1] qui est la perte de son père, par l’art, l’écriture, qui devient pour lui une sorte de « catharsis ». Mais dans le cycle romanesque familial et autobiographique des figures féminines apparaissent aussi, elles aussi toujours marqués par cet événement malheureux, la tante Marie et la mère. Toutes les deux ont des difficultés à surmonter la mort de Joseph, la tante devient folle et la mère vit une période prolongé de deuil.
La mère, une héroïne de la fiction : Orphée, Eurydice et Edmond Dantés
Par sa force de vivre, la mère est une potentielle héroïne. Sa vie devient exemplaire non pas à cause d’un statut très haut, ou des événements hors du commun mais à cause de la force de survivre au quotidien, aux événements difficiles que le présent lui apporte. C’est justement cela qui fait une héroine d’elle, et le sujet d’une œuvre littéraire, la force de vivre, et la simplicité avec laquelle elle vit toutes les expériences. Elle enseignait ses enfants aussi à suivre son modèle : « apprenez donc à être simples » et le narrateur y ajoute « or il n’y a rien de plus compliqué que cet apprentissage de la simplicité »[2] en suggérant que la simplicité est une chose très complexe, qu’il n’est pas si facile à acquérir.
Orphée et Eurydice
Pour vos cadeaux est dans une certaine mesure une réécriture du mythe d’Orphée.[3] Le mythe d’Orphée dessine le cadre du récit selon le double mouvement de la descente aux enfers et de la remontée dans le monde des vivants. Jean Rouaud ne se contente pas de reprendre, il en renouvelle aussi le sens de ce mythe fondateur :